Je venais de vivre peut être l’une des pires nuits de ma vie.
Lorsque j’ai compris que c’est la morphine qui me mettait dans cet état, j’ai décidé d’arrêter d’en prendre.
Mais je savais pertinemment qu’avant de pouvoir affirmer que le plus dur était derrière moi, il me fallait encore passer par une étape.
Dans toute cette histoire j’ai oublié de préciser une chose. Je déteste au plus haut point dormir sur le dos.
Donc mardi aussi, j’étais réveillée de bonne heure. J’avais la flemme de me lever car je n’avais pas envie, une fois encore ,d’avoir la tête qui tourne. J’ai donc opté pour l’option: je somnole en attendant que le jour se lève. Histoire de reprendre un peu de forces.
Visite Surprise de ma chirurgienne
Il devait être 8h , lorsque l’on frappa à ma porte. Il ne faisait pas encore jour.
J’étais un peu surprise de voir apparaitre ma chirurgienne dans l’encadrement de la porte. Elle vient prendre de mes nouvelles. Elle s’approche de moi et me demande comment je vais.
Puis elle regarde le résultat. Elle décroche le velcro (première libération) et ouvre la fermeture éclair (deuxième libération). Wahou !!!! j’avais presque l’impression de pouvoir respirer.
Docteur L me confirme que tout s’est bien passé au bloc et que je n’ai pas d’hématomes.
Très gentiment, Elle me suggère de baisser les yeux sur mon torse…Et Pour la première fois, je les vois.
Je crois que c’est à cet instant que j’ai compris que ma douleur psychologique avait disparu. Elle s’était transformée en douleur physique. Et cette douleur là, je savais que j’en viendrais à bout. Pour la première fois de ma vie, je me sentais femme.
Ensuite, Elle me dit que je dois la voir lundi prochain, dépose mon arrêt de travail (qui est finalement de deux semaines) ainsi qu’une ordonnance et me quitte.
Les premiers soins
Un peu plus tard, on vient m’apporter mon petit déjeuner.J’ai encore un peu le tournis mais ça va. Je bois du thé et je grignote un peu de pain. Cette fois ci j’ai assez de forces pour aller aux toilettes seule. J’appelle donc l’infirmière qui vient me débrancher.
Elle me dit que je peux me doucher le bas du corps mais pas le haut et qu’elle reviendrait un peu plus tard faire mes bandages.
Je décide donc de faire une petite toilette et m’habiller (oui avoir le popotin à l’air c’est bien mais retrouver un peu de dignité c’est pas mal non plus) le tout en promenant mes deux gourdes… je vous laisse imaginer la scène.
Mon mari arrive et m’aide à ranger mes affaires. Avant qu’il ne me rejoigne , j’en avais profité pour répondre aux sms de mes proches que je n’avais pas pu traiter la veille. J’étais encore un peu sous morphine, certains ont du bien rire.
Puis l’infirmière frappe à la porte et demande à mon cher et tendre de sortir.
On enlève ma chemise (et oui pas folle la guêpe , j’avais prévu quelque chose de facile à enfiler!!) puis mon soutien gorge…
Là , je les ai vraiment vu… Ils étaient énormes, chauds, gonflés, durs , beaux mais énormes !!! Et ce n’est pas du tout de manière positive que je dis ça.
Comme je suis menue, le contraste est saisissant. La petite dame m’a expliqué que ça allait dégonfler d’ici quelques semaines , que c’était dû à l’œdème et que je ne devais pas m’inquiéter. Ils allaient au fils des mois prendre une posture et une taille plus naturelle.(ouf !!! me voilà rassurée!! car moi qui voulais quelque chose de naturel, on y est pas du tout) .
Elle enlève mes pansements et là on passe à l’étape du retrait des drains…
Comment vous dire…Ce moment fut juste horrible. En fait, le drain était bloqué sous ma prothèse. On inspire et on expire à fond. Puis elle tire. Vous n’imaginez pas ma joie quand elle a enfin réussi à les enlever !!
Heureusement que cette femme avait de l’empathie et arrêtait quand ça commençait à me faire très mal.
Ensuite une de ses collègues est arrivée et elles ont fait mes pansements ensemble.Elles ont constaté que mes cicatrices étaient fines. Selon leurs dires, Il n’y avait pas de doutes, ma chirurgienne avait fait du bon travail.
L’une d’elle m’a même gratifié d’un « Ils sont beaux ». Ces mots m’ont fait l’effet d’une délicieuse pommade.
Une fois mes bandages fait, on remet mon presse cage thoracique et ma chemise.
L’infirmière m’expliqua un peu l’ordonnance. Il y avait des anti douleurs, des compresses à gaz non tissées et des pansements. Je dois faire mes pansements toutes les 48h.Est également prescris une crème (à l’acide Hyaluronique) à appliquer dans deux semaines. SI je ne me trompe pas, cette crème a pour but de protéger la peau du choc et traiter les cicatrices.
Et une fois chez moi
Cette fois c’est officiel, le plus dur est passé. Y’a plus qu’à. Qu’à quoi? A attendre que le temps fasse son œuvre.
Au retour, la douleur commençait à s’intensifier. Un ami est venu nous chercher.
Je lui dois une fière chandelle car je ne pense pas que j’aurais supporté un retour en train.
Le mardi a été assez compliqué. Mon corps était en train de se débarrasser de la morphine et j’ai très peu mangé ce jour là car ça ne restait pas dans mon ventre.
Mais j’étais sur le bon chemin dès le mercredi.
L’avantage d’être chez soi, c’est que personne ne va venir frapper à votre porte. Vous pouvez dormir tranquillement.(enfin autant que faire se peut quand on déteste dormir sur le dos)
Plus les jours passent et mieux je vais. Chaque jour un petit peu moins mal. Je dirais 0,25 de moins sur l’échelle de la douleur. J’étais à 3 lundi et mardi et suis descendu à 0,75 ce samedi.
D’ailleurs, Je ne prends plus d’anti douleur depuis hier (vendredi) car la douleur est supportable.
J’ai même tenté une petite balade dans le parc ce matin pour me dégourdir les jambes.
Mon mari m’aide beaucoup, pour « m’habiller », porter des trucs et faire toutes les taches ménagères de la maison. Les premiers jours il m’aidait même à me relever. Si je devais voir le côté positif c’est que j’ai l’impression d’être une princesse.
J’ai fait mes premiers pansements jeudi. J’ai eu un gros coup de chaud et mon cher époux a du aller me chercher une chaise. Allez savoir pourquoi, j’ai cru qu’ils allaient tomber !!!!
Le plus dur en réalité est ce coté cage thoracique compressée au cause du soutien gorge.
Je n’ai pu m’empêcher de penser aux femmes qui devaient porter un corset à l’époque… et je ne vois pas d’autre mot pour décrire ça que : torture.
Voici où j’en suis actuellement.
Mais j’ai encore tellement de chose à partager avec vous, qu’il se peut que vous retrouviez ici d’autres articles . (Je dois vous faire part de ma préparation personnelle avant l’opération, le résultat dans quelques mois, à quel moment la douleur va vraiment me laisser tranquille et finalement le plus important, ce que cela aura changer en moi et dans ma vie…je dirais donc affaire à suivre).
Trêve de blabla , je vais vous montrer quelques photos de ce changement.
Avant
Voici à quoi je ressemblais il y a encore une semaine. Et encore, je triche car les carreaux apportent un peu de volume… C’est un des fameux effets d’optiques dont je vous parlais.
Je ne plaisantais pas quand je disais que j’étais « plate ». … j’étais.. 🙂
Après
Bien sur il faut garder à l’idée que ma poitrine est compressée et que la taille n’est pas définitive car cela va dégonfler. Mais c’est un premier aperçu.
Bilan :
Je suis vraiment reconnaissante envers le personnel de la clinique. Autant pour la qualité de leur travail que pour leur humanité et leur gentillesse.
Si j’ai oublié quoi que ce soit ou bien si vous avez des questions , n’hésitez pas à me contacter via le formulaire de contact. Je me ferais un plaisir de vous aider du mieux que je le peux.
Mine de rien dans cette histoire j’ai remarqué une chose. Les femmes se soutiennent (la fameuse solidarité féminine !!). Je n’ai pas eu une seule remarque de la part d’une femme lorsque j’exposais ma décision… alors que du côté des hommes, force est de constater qu’ils ont la critique facile.
N’oubliez pas qu’il s’agit de votre corps et de votre mental et que personne ne doit juger vos choix.
Si vous aimez votre poitrine, je suis vraiment heureuse pour vous, s’il vous plait ne changez rien. Mais si vous êtes complexée, prenez les décisions qui vous semblent juste. Pesez le pour, le contre. Prenez le temps de réfléchir.
On a qu’une vie et on est pas obligé de souffrir.
Prenez soin de vous et à bientôt.
Gahonali